— Sur la peine de mort vu par
Victor Hugo —
Dernièrement, j'ai lu le livre Le dernier jour d'un condamné écrit par Victor Hugo. Ce qui m'a semblé bizarre de ce livre c'est qu'il n'a pas personnifié son personnage. J'ai étudié légèrement sur Internet et j'ai appris que c'était voulu de l'auteur. Victor Hugo voulait inclure dans son récit tous ceux qui subissait cette peine pénale. Il nous raconte une histoire d'un homme qui est condamné à mort. Son récit commence une semaine avant son exécution. Victor Hugo nous raconte tout ce qu'il s'est passé dans la tête de cet homme une semaine avant son exécution jusqu'à sa mort.
Un point que je trouve admirable chez Victor Hugo, c'est qu'il a consacré une partie de sa vie contre la peine de mort. Pour lui, l'abolition de la peine de mort était très important. C'était un de ces cheval de bataille. Il a écrit Le dernier jour d'un condamné pourquoi? Ce livre est un réquisitoire contre la peine de mort. Qu'est-ce qu'un réquisitoire? J'aime la définition dans le dictionnaire. C'est une plaidoirie du ministère public devant le juge répressif afin de requérir l'application ou non de la loi pénale envers le prévenu ou l'accusé. Victor Hugo voulait justement que les juges du temps puissent arrêter d'appliquer la sentence de la peine de mort et que les magistrats de son temps votent pour abolition de la peine de mort. Pour Victor Hugo, c'était une de ces valeurs fondamentales.
J'ai trouvé un admirable discours de Victor Hugo pour l'abolition de la peine de mort. Il fut prononcé le 15 septembre 1848 à l'Assemblée Constituante. Pour moi, c'est vraiment une richesse. Je ne l'ai pas trouvé sur internet ni même dans un livre. Je l'ai trouvé par hasard à la lecture d'un livre audio Claude Gueux écrit par Victor Hugo. Ce discours faisait partie du CD et non celui du livre Claude Gueux. Je l'ai adoré. Ce livre est aussi un réquisitoire contre la peine de mort. Ce livre est vraiment très très bon. Entre les deux livres Le dernier jour d'un condamné et Claude Gueux, celui que je préfère le plus est de loin Claude Gueux. Une des raison c'est que Victor Hugo a personnifié le personnage de Claude Gueux et il est basé sur une histoire vraie.
Voici le discours de Victor Hugo:
Discours de Victor Hugo pour l'abolition de la peine de mort prononcé le 15 septembre 1848 à l'Assemblée Constituante
Messieurs, je dirais peu de mots mais ils partiront du sentiment d'une conviction profonde et ancienne. Vous venez de consacrez l'inviolabilité du domicile. Nous vous demandons de consacrer une inviolabilité plus haute et plus sainte encore l'inviolabilité de la vie humaine. Messieurs, une constitution et surtout une constitution faite par la France et pour la France est nécessairement un pas dans la civilisation. S'il n'est point un pas dans la civilisation elle n'est rien. Eh bien songez-y. Qu'est-ce que la peine de mort? La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguez, la barbarie domine. Partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne. Messieurs se sont là des faits incontestable. L'adoucissement de la pénalité est un grand et sérieux progrès. Le XVIII siècle c'est là une partie de sa gloire a aboli la torture. Le XIX siècle abolira la peine de mort. Vous ne l'abolirez peut-être pas aujourd'hui mais dans tous tes pas demain vous l'abolirez ou vos successeurs l'aboliront. Vous écrirez en tête du plan bulle de votre Constitution en présence de Dieu. Et vous commencerez par lui déroberez à ce Dieu ce droit qui n'appartient qu'à Lui: le droit de vie et de mort. Messieurs, il y a trois choses qui sont à Dieu et qui n'appartiennent pas à l'homme: irrévocable, irréparable, indissoluble. Malheur à l'homme s'ils les introduit dans ces lois! Tôt ou tard elles font plier la société sous leurs poids. Elles dérangent l'équilibre nécessaire des lois et des mœurs. Elles ôtent à la justice humaine ces proportions. Et alors il arrive ceci. Réfléchissez-y messieurs que la loi épouvante la conscience. Je suis monté à cette tribune pour vous dire un seul mot. Un mot décisif selon moi. Ce mot, le voici: Après février, le peuple eut une grande pensée: le lendemain du jour où il avait brûler le trône, il voulut brûler l'échafaud. Ceux qui agissait alors sur son esprit ne furent pas je le regrette profondément à la hauteur de son grand cœur. On l'empêcha d'exécuter cet idée sublime. Eh bien, dans la première article dans la Constitution que vous voter. Vous venez de consacrer la première pensée du peuple vous avez renverser le trône. Maintenant consacrez l'autre, renversez l'échafaud. Je vote l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort.
Avant de terminé, dans le livre le dernier jour d'un condamné, ça m'a fait réfléchir lorsque Victor Hugo mentionne qu'il existe bel et bien une prison fait de chair et d'os.
Une prison fait de chair et d'os? Qu'est-ce que c'est? La chair. On est maître de notre propre destinée. Si un homme fait des abus dans sa chair, tel que alcool, cigarette, gras trans, sucre raffiné, etc, etc... Il pourrait avoir des fortes probabilité que sa chair, vers la fin de sa vie, le fasse terriblement souffrir. James Watson, qui fut médecin
m'a fait comprendre dans un de ces livres, qu'il existe des multitudes de maladies différentes qui font terriblement souffrir l'homme tel que l'asthme, la schizophrénie, la dépression, les maladies cardio-vasculaire congénitales, l'hypertension, le diabète, le cancer, etc, etc... La chair est un véhicule, il ne faut pas s'arranger pour qu'à notre vieillesse ou avant, ce véhicule soit complètement usé, fini, brisé, rouillé, qui roule sur une roue ou en panne, (invalidité). L'Alzheimer est une maladie qui fait retomber la victime en enfance. C'est une image mais Victor Hugo m'a fait comprendre que c'est comme que si l'âme de l'individu est emprisonné dans sa chair pour le reste de sa vie. Personnellement, je n'aime pas l'image d'une prison de chair et d'os pour une chair en parfaite santé. Une chair en parfaite santé est plutôt un vêtement doux, soyeux, confortable pour l'âme. Il faut faire en sorte que notre chair soit le plus possible en santé et le plus longtemps possible en adoptant une conduite exemplaire. Aussi dans le livre le dernier jour d'un condamné, Victor Hugo mentionne que l'attente de la mort est une torture épouvantable pour un condamné à mort. Il a des gens dans des hôpitaux qui sont extrêmement malade et qui demandent la mort. Ils préfèrent la mort que de souffrir. C'est extrêmement malheureux.
Voici ce que dit Victor Hugo :
«Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée.
Eh ! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite ? Qu'est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à l'échafaud ?Apparemment ce n'est pas là souffrir. Ne sont-ce pas les mêmes convulsions, que le sang s'épuise goutte à goutte, ou que l'intelligence s'éteigne pensée à pensée ? Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ? Qui le leur a dit ?
Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier et qu'elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas de mal ! Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C'est bien inventé. Tenez-vous-en là. La mécanique est bonne.
Est-ce Robespierre ? Est-ce Louis XVI ?...
Non, rien ! moins qu'une minute, moins qu'une seconde, et la chose est faite. Se sont-ils jamais mis, seulement en pensée, à la place de celui qui est là, au moment où le lourd tranchant qui tombe mord la chair, rompt les nerfs, brise les vertèbres... Mais quoi ! une demi-seconde ! la douleur est escamotée...
Horreur !»
Pour terminer, ici, c'est vraiment un réquisitoire vibrant contre la peine de mort. C'est un extrait dans le livre Claude Gueux. C'est un extrait que j'adore énormément et qui fait longuement réfléchir. Victor Hugo dans ce réquisitoire nous dit ceci: «Cette tête de l'homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n'aurez pas besoin de la couper.» C'est justement ça.
Voici:
Claude Gueux
Nous avons cru devoir raconter en détail l'histoire de Claude Gueux, parce que, selon nous, tous les paragraphes de cette histoire pourraient servir de têtes de chapitre au livre où serait résolu le grand problème du peuple au dix-neuvième siècle.
Dans cette vie importante il y a deux phases principales : avant la chute, après la chute ; et, sous ces deux phases, deux questions : question de l'éducation, question de la pénalité ; et, entre ces deux questions, la société tout entière.
Cet homme, certes, était bien né, bien organisé, bien doué. Que lui a-t-il donc manqué ? Réfléchissez.
C'est là le grand problème de proportion dont la solution, encore à trouver, donnera l'équilibre universel : Que la société fasse toujours pour l'individu autant que la nature.
Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu'il finit par voler ; la société le met dans une prison si mal faite, qu'il finit par tuer.
Qui est réellement coupable ? Est-ce lui ? Est-ce nous ?
Questions sévères, questions poignantes, qui sollicitent à cette heure toutes les intelligences, qui nous tirent tous tant que nous sommes par le pan de notre habit, et qui nous barreront un jour si complètement le chemin, qu'il faudra bien les regarder en face et savoir ce qu'elles nous veulent.
Celui qui écrit ces lignes essaiera de dire bientôt peut-être de quelle façon il les comprend.
Quand on est en présence de pareils faits, quand on songe à la manière dont ces questions nous pressent, on se demande à quoi pensent ceux qui gouvernent, s'ils ne pensent pas à cela.
Les Chambres, tous les ans, sont gravement occupées. Il est sans doute très important de désenfler les sinécures et d'écheniller le budget ; il est très important de faire des lois pour que j'aille, déguisé en soldat, monter patriotiquement la garde à la porte de M. le comte de Lobau, que je ne connais pas et que je ne veux pas connaître, ou pour me contraindre à parader au carré Marigny, sous le bon plaisir de mon épicier, dont on a fait mon officier.
Il est important, députés ou ministres, de fatiguer et de tirailler toutes les choses et toutes les idées de ce pays dans des discussions pleines d'avortements ; il est essentiel, par exemple, de mettre sur la sellette et d'interroger et de questionner à grands cris, et sans savoir ce qu'on dit, l'art du dix-neuvième siècle, ce grand et sévère accusé qui ne daigne pas répondre et qui fait bien ; il est expédient de passer son temps, gouvernants et législateurs, en conférences classiques qui font hausser les épaules aux maîtres d'école de la banlieue ; il est utile de déclarer que c'est le drame moderne qui a inventé l'inceste, l'adultère, le parricide, l'infanticide et l'empoisonnement, et de prouver par là qu'on ne connaît ni Phèdre, ni Jocaste, ni Œdipe, ni Médée, ni Rodogune ; il est indispensable que les orateurs politiques de ce pays ferraillent, trois grands jours durant, à propos du budget, pour Corneille et Racine, contre on ne sait qui, et profitent de cette occasion littéraire pour s'enfoncer les uns les autres à qui mieux mieux dans la gorge de grandes fautes de français jusqu'à la garde.
Tout cela est important ; nous croyons cependant qu'il pourrait y avoir des choses plus importantes encore.
Que dirait la Chambre, au milieu des futiles démêlés qui font si souvent colleter le ministère par l'opposition et l'opposition par le ministère, si, tout à coup, des bancs de la Chambre ou de la tribune publique, qu'importe ? quelqu'un se levait et disait ces sérieuses paroles :
《Taisez-vous, qui que vous soyez, vous qui parlez ici, taisez-vous ! vous croyez être dans la question, vous n'y êtes pas.
La question, la voici. La justice vient, il y a un an à peine, de déchiqueter un homme à Pamiers avec un eustache ; à Dijon, elle vient d'arracher la tête à une femme ; à Paris, elle fait, barrière Saint-Jacques, des exécutions inédites.
Ceci est la question. Occupez-vous de ceci. Vous vous querellerez après pour savoir si les boutons de la garde nationale doivent être blancs ou jaunes, et si l'assurance est une plus belle chose que la certitude.》
Messieurs des centres, messieurs des extrémités, le gros du peuple souffre !
Que vous l'appeliez république ou que vous l'appeliez monarchie, le peuple souffre, ceci est un fait.
Le peuple a faim, le peuple a froid. La misère le pousse au crime ou au vice, selon le sexe. Ayez pitié du peuple, à qui le bagne prend ses fils, et le lupanar ses filles. Vous avez trop de forçats, vous avez trop de prostituées.
Que prouvent ces deux ulcères ?
Que le corps social a un vice dans le sang.
Vous voilà réunis en consultation au chevet du malade ; occupez-vous de la maladie.
Cette maladie, vous la traitez mal. Étudiez-là mieux. Les lois que vous faites, quand vous en faites, ne sont que des palliatifs et des expédients. Une moitié de vos codes est routine, l'autre moitié empirisme.
La flétrissure était une cautérisation qui gangrenait la plaie ; peine insensée que celle qui pour la vie scellait et rivait le crime sur le criminel ! qui en faisait deux amis, deux compagnons, deux inséparables!
Le bagne est un vésicatoire absurde qui laisse résorber, non sans l'avoir rendu pire encore, presque tout le mauvais sang qu'il extrait. La peine de mort est une amputation barbare.
Or, flétrissure, bagne, peine de mort, trois choses qui se tiennent. Vous avez supprimé la flétrissure ; si vous êtes logiques, supprimez le reste.
Le fer rouge, le boulet et le couperet, c'étaient les trois parties d'un syllogisme.
Vous avez ôté le fer rouge ; le boulet et le couperet n'ont plus de sens. Farinace était atroce ; mais il n'était pas absurde.
Démontez-moi cette vieille échelle boiteuse des crimes et des peines, et refaites-la. Refaites votre pénalité, refaites vos codes, refaites vos prisons, refaites vos juges. Remettez les lois au pas des mœurs.
Messieurs, il se coupe trop de têtes par an en France. Puisque vous êtes en train de faire des économies, faites-en là-dessus.
Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous payerez six cents maîtres d'école.
Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes.
Savez-vous que la France est un des pays de l'Europe où il y a le moins de natifs qui sachent lire ! Quoi ! la Suisse sait lire, la Belgique sait lire, le Danemark sait lire, la Grèce sait lire, l'Irlande sait lire, et la France ne sait pas lire ? c'est une honte.
Allez dans les bagnes. Appelez autour de vous toute la chiourme. Examinez un à un tous ces damnés de la loi humaine. Calculez l'inclinaison de tous ces profils, tâtez tous ces crânes. Chacun de ces hommes tombés a au-dessous de lui son type bestial ; il semble que chacun d'eux soit le point d'intersection de telle ou telle espèce animale avec l'humanité. Voici le loup cervier, voici le chat, voici le singe, voici le vautour, voici la hyène. Or, de ces pauvres têtes mal conformées, le premier tort est à la nature sans doute, le second à l'éducation.
La nature a mal ébauché, l'éducation a mal retouché l'ébauche. Tournez vos soins de ce côté. Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l'intelligence qui est dedans puisse grandir.
Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions.
Rome et la Grèce avaient le front haut. Ouvrez le plus que vous pourrez l'angle facial du peuple. Quand la France saura lire, ne laissez pas sans direction cette intelligence que vous aurez développée. Ce serait un autre désordre. L'ignorance vaut encore mieux que la mauvaise science. Non. Souvenez-vous qu'il y a un livre plus philosophique que Le Compère Mathieu, plus populaire que le Constitutionnel, plus éternel que la charte de 1830 ; c'est l'Écriture sainte. Et ici un mot d'explication.
Quoi que vous fassiez, le sort de la grande foule, de la multitude, de la majorité, sera toujours relativement pauvre, et malheureux, et triste. À elle le dur travail, les fardeaux à pousser, les fardeaux à traîner, les fardeaux à porter.
Examinez cette balance : toutes les jouissances dans le plateau du riche, toutes les misères dans le plateau du pauvre. Les deux parts ne sont-elles pas inégales ? La balance ne doit-elle pas nécessairement pencher, et l'état avec elle ?
Et maintenant dans le lot du pauvre, dans le plateau des misères, jetez la certitude d'un avenir céleste, jetez l'aspiration au bonheur éternel, jetez le paradis, contre-poids magnifique ! Vous rétablissez l'équilibre. La part du pauvre est aussi riche que la part du riche.
C'est ce que savait Jésus, qui en savait plus long que Voltaire.
Donnez au peuple qui travaille et qui souffre, donnez au peuple, pour qui ce monde-ci est mauvais, la croyance à un meilleur monde fait pour lui.
Il sera tranquille, il sera patient. La patience est faite d'espérance.
Donc ensemencez les villages d'évangiles. Une bible par cabane. Que chaque livre et chaque champ produisent à eux deux un travailleur moral.
La tête de l'homme du peuple, voilà la question. Cette tête est pleine de germes utiles. Employez pour la faire mûrir et venir à bien ce qu'il y a de plus lumineux et de mieux tempéré dans la vertu.
Tel a assassiné sur les grandes routes qui, mieux dirigé, eût été le plus excellent serviteur de la cité.
Cette tête de l'homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n'aurez pas besoin de la couper.
Bonne soirée!!